Pour la reconquête industrielle en Ile-de-France

La région Ile-de-France présente des performances paradoxales. Son PIB par emploi est de loin le plus élevé [1] :105 500 € contre 70 600 € pour les autres régions en 2014 ; il progresse également à un rythme supérieur à la croissance de la population [2]. Pourtant, la croissance de l’emploi y est plutôt moyenne [3] et surtout, plus qu’ailleurs, on a assisté à une très forte destruction de l’appareil productif visible au niveau national compte tenu de son poids dans ce domaine.

 

Parmi les causes avancées pour expliquer ls sous-performance relative de l’Ile-de-France, les économistes soulignent l’insuffisance des bénéfices associés à la concentration des activités. Les économies d’agglomération ne permettent en effet pas de compenser les handicaps dont souffrent la région au premier rang desquels un coût du foncier excessif, au cœur de l’Ile-de-France notamment. Une autre hypothèse a été avancée selon laquelle cette situation relèverait également d’un défaut de coordination. En d’autres termes, les résultats matériels et immatériels tirés de l’énorme potentiel technologique seraient minorés par l’insuffisante coopération entre les acteurs de la sphère technico-productive et, plus généralement, par un isolement conséquent des entreprises. Cette combinaison de coûts excessifs et de sous valorisation des ressources se traduirait par des phénomènes d’éviction accrus, pénalisant particulièrement les entreprises industrielles de moyenne technologie et consommatrices d’espace.

 

Malgré les espoirs placés dans le Grand Paris Express, rien ne garantit que la réalisation de cette infrastructure améliore grandement l’efficacité économique de la Région. La reconfiguration du réseau de transport risque même d’intensifier les difficultés de fonctionnement des entreprises de la sphère productive en raison du renchérissement du coût de localisation à proximité des gares. Les activités productives, sauf à disparaître, doivent donc être impérativement reconnues comme essentielles dans la préservation d’un écosystème permettant de maintenir des capacités compétitives susceptibles de satisfaire des objectifs d’autonomie relative régionale et nationale, de participer à réduire l’empreinte technologique du fait de la réduction d’importations et enfin, de favoriser le développement d’emplois de profils intermédiaires dans une région caractérisée par un dualisme croissant en matière de main d’œuvre [1].

 

Cela ne va pas de soi. En effet, ces entreprises ne sont pas hors sol mais s’inscrivent dans des territoires dont la responsabilité en matière de localisation et de maintien de ces activités est considérable. Certains territoires ont pris conscience de ces exigences d’adaptation, voire de bifurcation historique des formes de développement. L’inscription de neuf territoires franciliens (figure ci-dessous) dans le cadre de la politique des Territoires d’Industrie en est la preuve. Ce choix est essentiel d’un point de vue symbolique pour affirmer l’image industrielle de ces territoires. Elle a également des conséquences politiques dans la mesure où il s’agit de co-construire des espaces de coopération. Entre des entreprises et les institutions publiques locales d’abord, et, au-delà, entre les différents acteurs des sphères de formation, de production, de recherche, etc. Il s’agit par exemples d’actions à visée technologique telles que les plateformes visant à mettre en relations des laboratoires de recherche avec des entreprises, grandes et petites. Les secteurs de la mécanique de précisions, de la mesure ou encore des appareils médicaux, très représentatifs de ces activités industrielles métropolitaines, se regroupent également pour répondre à des marchés publics particulièrement développés dans cette région. Renforcer ces industries regroupées autour de la médecine serait d’ailleurs un atout primordial pour la région comme nous le montre avec violence l’actuelle épidémie de Coronavirus.

Source : CGET

 

Tous les territoires ne présentent pas cette polarisation autour des activités technologiques. Mais quelle que soit leur dominante, ces engagements entre acteurs publics et privés  soulignent haut et fort que la présence d’activités industrielles en milieu urbain, l’industrie en ville, fait sens et, plus encore aujourd’hui, se trouve au cœur du développement des territoires.

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[1] Enjeux Ile de France n°200, février 2018. https://www.cci-paris-idf.fr/sites/default/files/crocis/pdf/documents/enjeux-200-1.pdf

[2] Croissance dans les régions : davantage de disparités depuis la crise, Insee Première, n° 1501, juin 2014 https://www.insee.fr/fr/statistiques/1281336

[3] Même si depuis le début des années 2010, on assiste à un retournement, essentiellement favorable au centre de la Région

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